Après 2 jours de boucherie à Piau, sans photos bien évidemment car le temps était bien trop précieux, direction ce matin vers le Lenquo de Capo, lové dans la vallée du Badet et entouré de ses deux vigies, le Soum des Salettes, et le Campbiel.

Je préfère laisser parler les photos puisque cette rando constitue une grande classique pour les locaux. Après cette mise en jambe matinale, direction l'Envers via le débrayable, histoire de se finir. C'est finalement le vent qui aura raison de nous et des remontées de Piau...

"I have a dream" disait Martin Luther King en 1963 devant le Lincoln Memorial.

Je rêve éveillé en ce jour.

La brume enrobe les fonds de vallée. Mes skis crissent sur la neige. Mon regard s'éprend du paysage.
Le ciel azur absorbe mes pensées, ma volonté.

L'objectif était sportif en ce jour. Etait...

La neige recule inéxorablement sous les affres de l'astre solaire. Le choix d'un sommet, d'une pente devient cornélien. Mon coeur balance.

J'avance. Mes idées s'embuent. Le relief débonnaire rythme langoureusement mon effort. La brume prend en écharpe les cimes alentours. Puis le trou noir.

J'avance toujours. Je suis en apesanteur. Le ciel, la neige ne font plus qu'un. La pente à skier n'a plus d'importance. Je me laisse transporter dans cette nappe narcotique.

Je rêve dans mon sommeil.

J'avance maintenant sur une crête effilée. Mes skis sont sur le sac. Les crampons pénètrent la neige. Cette océan de nuages me happe dans mon ascension pour me déposer au sommet.

Je me réveille.

Mais le rêve ne prend fin. Ce dôme sur lequel je gis semble émerger de cette océan. Tel un gardien de phare, j'ouvre les yeux sur un nouveau monde. Les cimes n'ont plus de noms. Mes yeux sont ceux d'un nouveau né. Mon regard effeuille le monde. Des vigies désuètes tentent de s'affranchir de l'emprise de cette mer de nuages. En vain pour la plupart...

Seuls les seigneurs de cette haute-vallée tutoient les cieux. Les autres sont relégués au rang de soupirants. Les ombres de cette nappe les plongent dans les ténèbres.
Les rayons rasants mais encore ardents me tirent de cette torpeur.

Je m'éveille.

Le rêve continue. Que faire ? Sombrer ou descendre ?

"Clac"
Les fixations sont enclenchées. Le rêve prend fin. Seules quelques courbes m'éloignent de la réalité.

Faut-il les faire ? Sûrement. Simplement pour mieux revenir s'éprendre de cette prégnance de la nature.

La neige, la pente ? Sans importance. La montagne nous offre tant, que nous pouvons lui pardonner son ingérence dans nos vies d'éternels hédonistes et glisseurs, pleurant l'abscence du grand blanc.

"I have a dream" moi-aussi. Celui de vite y revenir.

Rien que pour ça.

Migration pour ce week-end printanier vers la vallée d'Ossau. Après la fin de semaine pluvieuse, les questions se chevauchent à la vue de la chaîne...
Remiser les skis au placard ? Certes, le temps est compté mais tant qu'il en reste un peu, essayons d'en profiter.
Au réveil, la barre de foehn présente au-dessus de nos têtes en bas de vallée ne laisse témoigner rien de bon niveau vent en altitude. Pas grave. Nous remontons la vallée avec beaucoup de déception à l'approche des sommets. Direction le Pourtalet, avec la route montant en 1700m qui sera peut-être notre sésame. Le pic de Soques, la Dent de Soques revêtent encore une parure hivernale... enfin relatif à l'hiver en cours. Nous posons la voiture au Caillou de Soques.
Difficile d'évaluer la durée du portage. On prend notre courage à deux mains.
Nous remontons rive gauche du torrent de Soques. A la sortie de la forêt, bonne surprise, la neige n'est plus très loin. Au final, ça sera 200m de dénivelé positif avec le matériel sur le dos puis nous chaussons.
La neige n'a même pas bénéficié du regel nocturne. Donc nous remontons dans une neige infâme, et les rafales de vent violentes bougent sérieusement David avec sa planche de snow sur le dos. Arrivés à la côte 2100-2200, la neige se durcit. Puis commence à devenir vitre...
Au pied de l'entonnoir remontant au col de Soques, nous réfléchissons. Le soleil nous éclaire une vitre pour ces 300 derniers mètres. Qui plus est le soleil ne parviendra pas à décailler la neige de cet entonnoir bien trop encaissé et expo nord-ouest. Nous quittons l'itinéraire promis pour rejoindre la crête d'Estrémère... sans regrets. Car le début de la descente se fera sur de la vitre, là-aussi, puis bonne neige sur 400m de négatif et... et une fin abominable. Les skis font les sous-marins, les genoux prennent chers et le plaisir... bref.
Ce fut tout de même un beau moment de montagne, notamment sur le haut de l'itinéraire avec une belle arrête.
Mais malheureusement, ça sent la fin de l'hiver. Mais pire, le manque d'eau dans les torrents risque de se payer cet été !

Visite dans le Val d'Aran hier pour découvrir un site relativement excptionnel.
En effet, lorsque vous sortez de Vielha en direction de Baqueira, le village attenant se nomme Berten. Sur main droite, vous pourrez observer la présence d'un vieux télésiège 2 places bravant les affres du temps. L'idée de cette sortie fut donc d'aller découvrir les anciennes pistes et le domaine de cette station oubliée. Une piste carrossable monte jusqu'au "pied des pistes" de l'époque. Sentiment atypique que de déambuler dans ces vestiges.
Le cadre est ouvert, le panorama grandiose sur les Monts Maudits, la crête frontière ariégeoise au nord, et les Encantats. Nous chaussons vers 1600m pour remonter le long d'un vieux "telesilla". La neige est béton mais à la faveur de la température clémente, nous devrions bénéficier de conditions printannières à la descente.
Nous possèdons un but au dela de simplement divaguer dans cette station. Le Tuc de Berten clot le fond du cirque dominant la station. Nous quittons peu à peu les infrastuctures pour nous élever dans ce cirque. Puis nous prenons la crête du Tuc plein sud. L'arrivée au sommet permet de détailler quelques sommets bien connus. La descente se fera dans un couloir de la face est du Tuc, léger sur les skis, ça touche puis nous continuons dans deux combes nous ramenant au pied des pistes.
Belle randonnée dans un cadre atypique, certains regretteront la présence des pylônes et autres mais c'est une forme de patrimoine qui n'a pas survécu à la fin du franquisme.
Photos !

Le départ, les pieds dans l'herbe ! Le tuc de Mulières en fond, relativement sec...

Arrêt dans le temps, une vieille dameuse, un vieux télésiège, l'ambiance est quasi-glauque.

Le cirque s'étalant au fond du domaine skiable, le Tuc de Berten sur la droite, et Olivier en splitboard.

Caucase ou Pyrénées, le charme de l'Espagne agit une fois de plus...

Le sommet avec les Monts Maudits en toile de fond, et vous pouvez distinguer les très mauvais enneigement du glacier de la Maladeta pour ceux qui ont l'habitude.

Panorama vers Baqueira, on distingue le Tuc de Baciver, plutôt enneigé. Une autre fois...

Olivier, tranquille dans la neige de printemps.

Le même, à la recherche de la bonne combe

Nos traces sur la fin de l'itinéraire, ça aurait pu être pire...

Une photo pour résumé les itinéraires de jeudi et vendredi.
Le jaune pour jeudi, le rouge pour vendredi.
Les amateurs de l'Envers de Piau reconnaîtront...